Vous êtes nombreux à me demander pourquoi je fais l’impasse sur les résultats du classement 2009  « Great Place to work » qui récompense les entreprises où il fait bon travailler.

Car je trouve ce classement décevant. Voire abusif.

Voici pourquoi :

– Pour être évalué, il faut payer.  Les entreprises évaluées sont donc obligatoirement clientes de Great Place to Work.

– Le coût est d’environ 6000 euros. Pour les PME, cela représente un investissement important qui peut les disqualifier de la démarche.

– Parmi environ 100 entreprises évaluées, seules les 30 meilleures sont médiatisées : il est donc impossible d’être mal classé.

– La méthodologie est discutable :

1/3  de la note est liée aux déclaration de la Direction des Ressources Humaines. Dans le dossier à rendre, il y a un certain nombre de questions, avec documents internes à fournir à l’appui, sur la formation interne, l’environnement de travail, la rémunération, la communication interne etc. Mais sur quels critères se basent les examinateurs ? Comment comparer un dossier à l’autre s’agissant de réponses qualitatives, exercice délicat qui mériterait plus de transparence…

2/3 de la note sont liés aux questionnaires de salariés : 250 salariés maximum sont questionnés. S’il faut reconnaître que l’échantillon est représentatif, il ne l’est cependant que sur un périmètre donné et choisi par l’employeur. Danone, par exemple, choisit de faire le questionnaire sur sa population « siège ». Idem pour Coca Cola qui choisit de questionner « Coca Cola Services ». A partir du moment ou l’entité est sélectionnée par la DRH, autant prendre celle la plus favorables. Non ? Certes, « Great Place to Work » prend soin de préciser l’établissement mais on sait que tout le monde fait la confusion…

– Puisque les entreprises choisissent, chaque année, d’être clientes ou non, il ne peut y avoir de continuité et d’évolution dans les classements : où sont passées les entreprises comme Google (1er en 2008) et Bain & Company (1er en 2007) ? En fait, bien souvent, les entreprises viennent se payer un coup de pub et surtout, s’arrêter là, de peur de baisser dans le classement.

Il serait plus juste de récompenser les entreprises qui s’inscrivent dans la durée, preuve d’un engagement profond, comme PepsiCo, bien placée depuis 5 ans.

– Enfin, je ne crois pas qu’on puisse « tout comparer » en mettant toutes les entreprises dans le même sac, il faudrait faire un classement plus fin, par type d’entreprise. Comment peut on comparer les réponses des collaborateurs  d’Accuracy, spécialisé dans le conseil en finance d’entreprise (2ème au classement) avec celles de McDonald’s (19ème au classement) ? Ils n’ont clairement pas les mêmes attentes… D’ailleurs McDonald’s a des résultats exceptionnels en matière en matière de promotion interne, le 19ème rang me parait sévère !

Finalement, Great Place to Work est une Agence d’image employeur qui a trouvé un positionnement très malin : elle fait croire à un classement RH alors qu’elle ne fait que la campagne de médiatisation d’entreprises souhaitant travailler leur marketing RH.

Son mérite -à mes yeux- est de permettre de déceler des pratiques RH innovantes. On va s’y intéresser de près. Par exemple, W.L Gore et Associé qui prône la liberté d’agir comme méthode de management, les salariés sont associés aux résultats en recevant 10% de rémunération supplémentaire sous forme d’actions (non cotées).